Ce travail s’attache à la pratique d’un mode de production d’images et de sons numériques, contemporain de notre ère des réseaux. Il s’agit d’un dispositif technique de visiophonie, établi entre un ordinateur et un terminal mobile via internet. Les images et les sons captés par le terminal mobile apparaissent sur l’écran de l’ordinateur et sont enregistrés dans la mémoire de celui-ci grâce à un logiciel de capture d’écran en vidéo. Leur qualité et celle du réseau internet sont alors étroitement liées.
J’entreprends de confronter ce dispositif à une conduite corporelle spécifiquement humaine qui aura historiquement intéressé l’art: la marche. Des images photo numériques sont produites au cours d’une marche dans des lieux présentant une hétérogénéité de la couverture du réseau internet mobile. Des couches différentes sont traversées en marchant. La vidéo, par ses altérations, exposent ces variations. Le flux d’images s’interrompt lorsque le terminal mobile se retrouve à découvert du réseau, sur le seuil de l’espace des réseaux. Sur ce seuil, cette frontière, une image est fixée, une vue d’un lieu dans lequel on n’entre pas, une vue de paysage.
Brian O’Doherty, white cube, p42: « Souvent, ses paysages, Monet semble les avoir aperçus alors qu’il cheminait vers ou à partir du vrai sujet. On a l’impression qu’il a opté pour une solution provisoire, l’absence de caractères saillants laisse à notre œil le loisir de vaquer ailleurs. On insiste toujours sur l’aspect informel du sujet impressionniste, mais pas sur le fait que ce sujet est comme saisi au hasard d’un coup d’œil, par un regard pas trop impliqué par ce qu’il regarde. »
Pascal Cerchiario 